Martin Miguel
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1999 "Art 7 Le béton et les bois de Miguel, l’espace de Baviera"

Existe-t-il un lien réel entre les emboîtages de Martin Miguel et les livres contenus : « La Promenade niçoise » de Marcel Alocco (1) ? Si les « gisements inédits » du poète Gilbert Casula (2) comprenaient une collaboration directe entre l’écrivain et le sculpteur Bertrand Pigeon, la relation, autre qu’une amitié, ne semble pas évidente dans le cas présent. Le livre de Marcel Alocco, consacré à Nice et remarquable par ses analyses et sa pénétration historique, ne conservera de son rapport avec l’œuvre de Martin Miguel que l’enrichissement d’une présentation unique, intéressant les bibliophiles et les amateurs d’art. La présentation est cependant exemplaire.
L’originalité d’un emboîtage en béton n’est qu’une partie de la recherche de Miguel. Depuis des années, ancien pionnier du Groupe 70, Miguel travaille ce matériau. On peut considérer que conçue par lui la donnée n’est pas courante logiquement. Elle intéressait le classicisme d’un sculpteur qui aurait choisi le béton plutôt que d’expérimenter le marbre ou le granit.
Le principe de artistes du Groupe 70 et de Support-Surface est souvent conceptuel, visant à établir des liens philosophiques d’action et de comportement avec la création. Nul doute que Martin Miguel, élaborant ses pièces, ne procède de même. Pour le contemplateur non initié, l’intérêt demeure physique, lié à la proposition même. On est ainsi subjugué par l’aisance de Miguel, par sa connaissance des rythmes possibles, des matériaux et de leur potentiel. Le bois est ici complémentaire du béton auquel il apporte sa chaleur, sa volupté d’élément naturel, même quand il s’agit de déchet. Le béton s’assouplit ici grâce à des couleurs intenses, percutantes, atteignant dans ce contexte de dérive industrielle une préciosité notable. Une esthétique, peut-on dire, où magnifiquement la maîtrise d’une manipulation virtuose ennoblit les tenants de l’aventure, c’est risqué et réussi en plénitude.

Dans le même temps, la galerie consacre à Henri Baviera une exposition de toiles et une présentation d’œuvres sur papier. Baviera est très connu à Nice et pour ses qualités de peintre et de graveur et pour les services qu’il rend à beaucoup de plasticiens. Des estampes de toutes sortes, des portfolios sont réalisés sur ses presses avec l’avantage d’une attention conseillère féconde, ce n’est pas négligeable.
Baviera est un abstrait dynamique, ses couleurs fusent dans les gammes claires où apparaît un travail de texture personnel, mis au point au cours d’expériences qui enrichissent et la peinture et la gravure. Ainsi s’équilibrent en strates superposées des énoncés horizontaux suscitant l’espace sans qu’on s’en rende compte. C’est intelligent habile et longuement médité. La contemplation de ces œuvres apporte un vrai plaisir. N’est-ce pas une des vocations premières de la peintures ?
Il ne serait pas logique de conclure cette modeste relation sans signaler les intéressantes photos de mains de Focard, les humoristiques et colorées toiles et sculptures d’Elisabeth Brainos, les pièces de Reyboz, Vernassa, les travaux de Fondacaro, Margareth Mitchel, P.A.O, Bions, Monmarson, Houeix, toutes expressions diverses montrant l’éclectisme et la vitalité de la galerie.

Michel GAUDET 1999

(1) Editions de L’Ormaie.
(2) Editions Tipaza

* Art 7, Promenade des Anglais.

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