(Sur le portrait de Michel Butor)
Pendant que la neige fleurit les cerisiers de mars
creuse tes drains à travers sédiments coulées roches micas schistes Ignorés
que viennent à la surface des ruisseaux de sucs ardents
et de pleines brassées de braises douces
et sous le porche une ombre bleue
(Sur le portrait d’Alain Freixe)
Dans l’ombre de la voûte tremble l’odeur de juin
Ça remonte là
en tourbillon de scories et de poussières
des veines profondes se propageant le long des fins ruisseaux capillaires
pulsant aux tempes et grondant dans la voix le vertige des pierres
Pierre brûlant de la montée des sèves
(Sur le portrait de Yves Ughes)
Le butoir de la langue et des dents retient un cri de tourbière
tu le modules en mélodie rauque au rythme lent
se déchire délicate la résistance de la gorge et du palais
(la neige fait fleurir les cerisiers)
La pierre bleuit d’un air de sève et de terre