Débords
la ville absorbe désormais toute lumière et ses flancs ne sont que rives obèses en qui s’établissent les tarifs des passages clandestins
récits de vin et de paresse et les gagneuses peuvent tout accepter de ces hommes poreux qui ont avancé vers elles se défaisant maintenant dans la frénésie du phare
alors dis-toi ce cargo accroché aux rochers comme arapède de détresse et répète-toi la route faite
et sa faim spirituelle que l’on voudrait très opportunément passer sous silence
le ventre est noir et râpeux qui s’est posé sur la plage il rogne et ingère les vitres tendues sur les bords du matin
ainsi saisi dans son déploiement le monde révèle des lignes qui se constituent en voies de fuite
ce qui bruit va vers l’ampleur et trop de vie aller donc les pieds calcinés et faire de son pas un jeu maquillant la distribution de l’infini
dans les égouts veines saignantes prennent forme des réponses qui relèvent de l’ordre comme de l’abandon la ville devient alors lieu de refus accueillant la nuit
cette ville est sale et je suis client attendant pourtant le vent de sable qui se fera voix de nouveau une mutilation de soi déployée comme élytres et antennes
la présence de troupeaux sous nos chairs installés
des signes de fange comme passes et brouillages et ces tournantes aussi qui disent la dérive
une fenêtre s’est ouverte sur la nuit de mes entrailles il faut me pardonner si je continue de tuer ici et si je continue d’effacer le lieu
car il est des douleurs qui nuisent au soleil et ne peuvent que marbrer le regard des êtres la noirceur de la suie a creusé les vertèbres et défini l’emplacement vacant
où donc aller
l’errance fait voir
et révèle aussi
Portiques
ainsi donc tu te reconnais d’emblée en ce paysage
corps souffrant dans la syncope
même des chemins pierreux
en ce sentier se fait le concassage de la lumière
une action que seule la transe
de la marche peut admettre
tu te heurtes enfin aux éclats d’une montée qui organise en confrontation le chaos du corps
il est des creux où les peaux indélicates s’arrachent
comme mauvais draps
y saille
en un flux de chaleurs une artère de vipères dénouées
l’apaisement s’établit dans la morsure dans les entailles faites au sol calcaire
se dégageant de la congestion sanguine des toits
cette première approche est finalement acceptable
bien que pris dans ce déferlement âcre qui peut conduire à la mer les pas se font convulsions
l’être ne retourne ici
que pivots douloureux les ronces tombent comme couronnes
soufflées dans les transparences du ciel
le verre est au sol tournant à l’aigre dans ces passages d’herbes sèches le vent se dépose comme un os en son lieu abouti
une brûlure installée sur la langue comme une marque identitaire
autour de soi ce qui pourrait être un paysage se conçoit comme bruissement de jupes déploiements en cours
car la lumière devient ébauche
lieu possible où se livrent
les ventres abandonnés des formes angéliques
et tu peux dès lors dans le balancement des couleurs arrachées percevoir l’intensité de l’instant
t’immiscer sous la lumière acceptée
l’aura sait reconstituer par ses traces les psaumes proposés
après la transe toutefois l’ange sera de nouveau à terre couvert par le bourdonnement des mouches
Quotidien
Le corps déhanché trouve
donc refuge
dans le détachement de la nuit
acceptant de n’être plus
que chair sombre et dure
les boutiques tardives
ouvertes au plaisir comme bouches
deviennent labyrinthes déformés conduisant
vers quels organes
dictées par l’insistance de la chair
sous les paupières encloses
s’opèrent la réinstallation des moiteurs
et la répétition des jours
le mouvement peut et pourquoi pas
sourdre en flux d’énergie à définir
ou pas
d’un œil crevé la vision surgit impérieuse
comment dès lors dans le grincement de l’éclat trouverait sa place la culpabilité
où donc le bruissement de l’être si ce n’est dans le passage
et qu’advient-il des prières et des vins
l’allégresse peut se formuler dans la pesanteur même des lumières fades
le partage des tables comme l’arrogance participent de la scansion de l’absolu
le mouvement pourrait être aussi bien chute de suie que montée de brume
la lourdeur vécue faite corne de l’ange illumination sensuelle par une grâce donnée
tu vois bien que se prolongent par dessus tout les accords de l’errance